Et si j'étais ambassadeur... ?

J'aurais aimé être ambassadeur non pas d'un pays, mais d'une région de l'extrême Sud du continent Sud-Américain : LA PATAGONIE, là où la terre, après s'être éparpillée en une myriade de petites îles, de canaux et de fjords, s'incline définitivement face à l'océan, là-bas à l'île de Horn, au Cap Horn.

Son éloignement et les conditions rudes qui la caractérisent, furent une protection contre les vagues migratoires et le tourisme de masse. C'est une terre qui se mérite et le respect y est obligatoire.

Ce territoire, situé aux confins du monde, est très largement méconnu des européens, cependant, ce qui est paradoxal, c'est que tout un chacun est capable de lui attribuer des caractéristiques. Un imaginaire semble donc lui être attaché...

Nombreux furent ceux qui, partis d'Europe, rallièrent la Patagonie pour y commencer une nouvelle vie dans le calme des montagnes, des forêts et des lacs. Les broussailles, des volcans et d'immenses plateaux virent peu à peu s'établir une population très diversifiée. En Patagonie, la loi et les coutumes européennes ont été remplacées par les passions les plus déchaînées.

Longtemps, la Patagonie fut essentiellement une affaire de marins, parmi les plus célèbres : Magellan, Bougainville, Fitz Roy, pour qui elle n'était qu'un obstacle, tout n'était que vide, tristesse et désolation. Darwin avait même écrit - "sur cette Terre s'étend la malédiction de la stérilité" - c'est dire l'image pitoyable que l'on en avait à l'époque.

Mais aujourd'hui les regards se sont inversés, car la Patagonie n'est plus un obstacle mais un spectacle, et quel spectacle !

Si j'étais ambassadeur de la Patagonie, je commencerais par expliquer que cette région est à cheval sur deux pays, mais que là comme ailleurs, les frontières sont seulement politiques. La Patagonie est bien une seule et entière.

LA PATAGONIE ET SES HOMMES

Si j'étais ambassadeur de la Patagonie, j'aurais aimé vous présenter ses Hommes qui l'habitent. Tout d'abord comment ne pas parler des gauchos et de leur vie si singulière, simple et enviable ; une vie à l'état sauvage, en harmonie avec la nature. Puis des marins, des pêcheurs... Sans oublier les Indiens : Tehuelches, Selknams, Yámanas, Alakalufs, Mapuches, ou encore les Haush.

Gaucho de Patagonie

LES GAUCHOS

Être gaucho, c'est évoluer sur un territoire sans limites. Tout le travail est lié au bétail, en suivant le cycle des saisons et en s'adaptant au temps, aux éléments. Pour eux, pas de dimanches, pas de jours fériés, pas d'heures, pas de grèves. Tous les jours ont leur même routine, et les habitudes si variées. Les gauchos ont le visage marqué, les mains rugueuses, le regard perçant...

Le vent de Patagonie

RUDE ET ENVOÛTANTE

Le vent souffle presque toujours en Patagonie, car elle est soumise à un maître absolu - le vent - qui balaye cette région du globe à cheval entre les 40ème rugissant et les 50ème hurlant. Un temps à ne pas sortir de si bonne heure donc. Le gaucho, commence sa journée tôt, quand le soleil se lève en général. Il prépare son maté et commencera sa journée avec une certaine compagnie gustative.

Le gaucho sur son cheval

Toute la journée à cheval, avec l'aide de chiens ; le gaucho ira regrouper le bétail, marquer les animaux, réparer les clôtures, à la recherche d'animaux égarés, voire même suivre la piste d'un éventuel puma. Le gaucho est armé d'un simple "facón", un couteau qu'il gardera en général toute sa vie. Il s'en sert pour travailler, pour manger, pour se défendre s'il le faut.

Si j'étais ambassadeur de la Patagonie, je leur remettrais la médaille de la Légion d'Honneur.

Ici pas de concession. La nature y est comme au matin du monde. Ce sont des décors à couper le souffle. Les Hommes ont toujours été livrés en pâture à la fois à la pluie, au vent et aux océans. Personne ne regrettera ce tribut à payer parce qu'en retour, la Patagonie offre pendant les instants de répits des caprices du temps, d'irremplaçables moments de jubilation, tant la nature y est belle et imprévisible. Ici, l'Homme est replacé à sa juste dimension.

Alakaluf : indiens de Patagonie

LES INDIENS

Tout au sud de la Patagonie, de l'autre côté du détroit de Magellan, vivaient des Indiens qui n'existaient que là, qui ne vivaient pas ailleurs. Imaginez un instant comment ont pu être les conditions d'existence des indiens Alakaluf ; ces nomades de la mer patagonne, que le 20e siècle à honteusement et silencieusement fait disparaître.

Alakaluf, nomades de Patagonie

Véritables nomades de la mer, ils vivaient à bord de canots en écorce d'arbres, ils chassaient à l'aide de harpons fabriqués en os de baleine. Pour tous vêtements, ils portaient une simple peau d'animal ne couvrant qu'une partie du dos, et s'enduisaient le corps de graisse animal. La nuit, ils faisaient des feux à bord de leur petite embarcation, ou sur la terre ferme. A cause de l'énorme quantité de feux qui brillaient la nuit, Magellan nomma cette île la Terre de Feu.

On comprend mieux pourquoi la langue Alakaluf ait réservé pas moins de trente mots pour nommer le vent, une kyrielle d'autres pour définir le climat et les choses de la mer, mais aucun pour nommer le bonheur...

Si j'étais ambassadeur de la Patagonie, je leur réserverais une place d'Honneur au Panthéon.

A PROPOS DE LA PATAGONIE

Ce territoire fut découvert par le grand explorateur Fernando de Magellan. Les récits des premières explorations décrivent la rencontre avec des hommes beaucoup plus grands que la moyenne européenne. Magellan dénomma ces habitants farouches les "Patagons". On continue de supposer que ce terme leur fut attribué pour la taille de leurs grands pieds ("Pata" en espagnol), bien que l'origine n'a véritablement jamais pu être confirmée.

Quelques Informations

  • Superficie : 1 140 532 KM²
  • Population : 4 300 000 HABITANTS
  • Densité de population : 3,8 HAB./KM²
  • Langue : ESPAGNOL (CASTILLAN)
  • Région : SUD, À CHEVAL ENTRE L'ARGENTINE ET LE CHILI

Les 20 % de ces terres sauvages se trouvent sur le territoire chilien, et le reste en Argentine. Car n'en déplaise aux argentins, la Patagonie est une terre partagée avec les chiliens.

La partie chilienne est plus sauvage et bien plus humide. La partie argentine plus vaste et plus ensoleillée.

Les chiliens rencontrés sur la route, blaguent souvent, et combien de fois ai-je entendu ? : "Hay una sola Patagonia, y es chilena..." (Il n'y a qu'une seule Patagonie, et elle est chilienne).

Quels charmes peut donc posséder cette région australe pour exercer une telle fascination sur tant d'hommes, toutes époques confondues ?

En effet, la Patagonie déclenche en nous tous, je pense, une image rêveuse de liberté, d'un monde encore préservé, éloigné et isolé du reste du monde.

C'EST LÀ OÙ JE VIS ! QUEL PRIVILÈGE JE ME DIS SOUVENT...

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